La BlockChain, future révolution du monde des affaires. Mais de quoi parlons nous ?
Une chaîne de blocs, regroupant des données, pour organiser nos transactions, peut-elle révolutionner notre manière d’interagir, d’échanger et de sécuriser nos ‘business’ ? Le niveau d’implication des réseaux, l’utilisation ‘obligatoire’ d’internet dans la vie des sociétés, font que l’on peut se demander si une nouvelle ‘technologie’ IT peut changer tant que ça nos façons de faire.
Si vous en doutez, c’est que vous ne connaissez pas encore la BlockChain !
Imaginez un registre international, enregistrant l’ensemble des transactions de tous les utilisateurs (users) et accessible partout dans le monde. Quelle que soit la nature de l’échange, peu importe le lieu où se trouvent les protagonistes, ils peuvent en toute sécurité signer leur contrat, vendre et acheter des biens.
C’est la promesse de la BlockChain, une base de données partagée universellement, regroupant toutes les transactions en les sécurisant et les viabilisant.
Êtes-vous prêt à utiliser un tel système pour vos transactions personnelles ou même effectuer les contrats de votre entreprise avec la BlockChain ? Peut-être pas encore et vous n’êtes pas seul dans ce cas. Comme toutes les innovations majeures, elle ne se fera pas en un claquement de doigts. Même si cette technologie a vu le jour en 2008, notamment avec l’avènement de la crypto-monnaie ‘BitCoin’, il nous faudra des années, des décennies même pour l’adopter pleinement.
Nous ne sommes pas encore prêts ! Technologiquement parlant, nous ne pouvons pas encore assumer la totalité ou quasi-totalité des transactions mondiales. Organisationnellement le problème est le même, notamment dans les entreprises qui ne sont pas adaptées pour passer l’ensemble de leurs transactions par ce système. Mais les parties Gouvernance et sociale sont elles aussi des freins au développement de cette technologie.
L’ensemble de la population mondiale n’est pas prête à digitaliser l’ensemble de « ses deals » et à faire pleinement confiance à une nouvelle technologie pour non seulement enregistrer, mais surtout vérifier et sécuriser de manière permanente ces derniers. Se pose donc la question de la Gouvernance. Puisque c’est la technologie de la BlockChain qui valide les échanges, il n’existe donc plus dans ce système d’organe central (et suprême) de contrôle.
Les gouvernements doivent donc également réfléchir à l’utilisation de cette technologie. La France a d’ores et déjà lancé le 7 Février dernier une mission d’information sur ce sujet, à l’initiative de Mme Laure de la Raudière (députée LR d’Eure-et-Loire). Composée de membres venants de 3 commissions permanentes (économique, finances et lois) cette mission d’information aura pour objectifs d’étudier les conséquences possibles de la BlockChain et de réfléchir à un cadre juridique adéquat.
Au-delà des besoins technologiques et institutionnels qu’une telle avancée possède, la question de l’adoption est probablement encore plus forte. De nombreuses technologies n’ont pas été adoptées dès leur création et le scepticisme sur la qualité, la fiabilité voir la sécurité freine naturellement leur évolution. La comparaison avec le web que nous connaissons aujourd’hui et les protocoles TCP/IP permet de mieux comprendre ce point
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Initialement conçu pour l’échange de messages au sein du département de la Défense américaine, les protocoles TCP/IP se sont vu mutés et ajouter des technologies connexes pour devenir le World Wild Web que nous utilisons à présent. Cette évolution à mis 30 ans et a commencé avec des précurseurs qui ont vu dans cette technologie une opportunité. Des sociétés comme IBM par exemple, ont compris très tôt qu’il existait de nombreuses applications à cette technologie. En développement des technologies ou briques s’appuyant sur les protocoles initiaux nous avons progressivement vu l’apparition d’échanges de datas, de messageries, etc. Il s’agissait donc là d’un poignée d’afficionados persuadés de pouvoir faire quelque chose à grande échelle et prêt à s’investir pour arriver à cette révolution.
De là, sont apparus de nouveaux business model basés sur cette technologie leur permettant des coûts moins importants, un offre plus élargie et un accès direct chez le consommateur. Exemple d’une librairie en ligne devenue depuis une véritable place de marché internationale, ou des agences de voyages en ligne capables d’avoir une offre quasi exhaustive des destinations à des prix ultra-compétitifs.
Après plus de trente ans, une technologie de communication ‘militaire’ a remis en question tous les modèles économiques des entreprises pour capter et fidéliser leurs clients. Et vous vous servez à cet instant de cette technologie pour nous lire…
La BlockChain nous permettra donc, d’ici quelques décennies, d’effectuer et d’enregistrer nos transactions sur un registre distribué et sécurisé. L’ensemble des blocs composant cette chaîne étant accessibles par tout le monde mais ne pouvant être altérés. Le développement des algorithmes et la maintenance de la solution étant décentralisés, partagés et assurés aux quatre coins du monde par des ‘volontaires’. Là encore la comparaison avec les protocoles TCP/IP est flagrante.
L’enregistrement des transactions n’est pas le véritable enjeu, c’est la sécurisation de celles-ci qui permettront l’adoption générale. Et la sécurité est assurée par l’architecture même de la BlockChain ! Une fois validés par des algorithmes (développés par ces même ‘volontaires’ à travers le monde et présent sur des serveurs dispersés) les blocs de transactions sont ajoutés à la chaîne de manière définitive. Il n’est théoriquement plus possible de modifier le bloc ou les transactions qui le composent. C’est là tout l’enjeu de cette technologie et qui rend encore flou son fonctionnement. Une fois la transaction passée par un utilisateur, celle-ci est ajoutée à un bloc de données qui lui est ‘haché’ (security hash) pour sécuriser les données qui le composent. Les données étant en accès public et donc visibles par l’ensemble de la communauté c’est cette ‘communauté de volontaires’ qui grâce à leurs serveurs informatiques vont essayer de valider vos transactions puis les ajouter à la chaîne du réseau. Chaque bloc étant relié au précédent, il n’est plus possible de le modifier car ses informations font partie intégrante d’un ensemble.
Les utilisateurs ‘volontaires’ possédant des serveurs en charge de vérifier les transactions (ces ‘calculateurs’ sont appelés des ‘MINERS’), sont rémunérés en fonction de systèmes complexes et encore flous. On identifie 2 méthodes pour apporter la preuve qu’il s’agit bien de ces machines qui ont effectué la vérification. On parle de Proof of Work ou de Proof of Concept.
Vous l’aurez compris cette technologie ouvre des portes auxquelles nous n’aurions pas encore pensé. Les contrats étant tous enregistrés, ainsi que leurs conditions, il sera possible de mettre en place des automatismes très évolués. C’est ainsi qu’apparaîtront les Contrats Intelligents (Smart Contracts) qui se créeront automatiquement lorsque certaines conditions seront remplies. Un service qui n’a pas été délivré correctement ou dans les temps…la facturation changera automatiquement. Toute une suite de possibilités pouvant être contractualisées en fonction de variables comme un programme informatique pourrait s’exécuter.
Schéma simplifié du système de BlockChain – JL Consulting